Partage de nuages.
Permettez-moi de vous offrir un petit moment parabolique. Permettez-moi cet écart un instant. Donnez-moi ce petit plaisir. Qui sera, je vous l’assure, le meilleur véhicule pour vous transmettre un de mes bonheurs. Une de mes plus grandes fiertés. Un de ces trucs qui me donnent envie de me donner une bonne tape dans le dos.
Semer.
Tout commence au printemps de la vie. Lorsque la chaleur commence à faire dégeler la terre. Lorsque cette dernière commence à affirmer ses particularités. Ses richesses. Ses défis. Lorsque le sol meuble est une invitation qu’on ne peut refuser. Lorsque l’envie d’y mettre un peu du sien nous enflamme. Lorsque toutes les conditions semblent en place pour que la vie s’épanouisse encore plus.
Grandir. Oups! Pousser!
Puis les rayons du soleil deviennent de plus en plus chauds. La croissance en profite, bien sûr. Mais il faut rester attentif. Les catastrophes naturelles peuvent toujours poindre à l’horizon. Il faut garder l’oeil sur ce terreau si généreux et gorgé de possibilités. Il faut écouter sa voix, silencieuse mais oh! combien révélatrice. Il faut savoir mettre des mots sur les non-dits. Il faut garder confiance aussi.
Récolter.
Puis vient le temps. Ce temps où les fruits de notre travail prennent forme. Et couleurs. Et saveurs. Et odeurs. Où les sens rejoignent les espérances dans le temps. Où l’on sait enfin que le jeu en a vallu la chandelle. Où l’on célèbre. Et où l’on prend note des impératifs changements à apporter aussi.
Conserver.
Toute cette belle récolte. Cette abondance de vie. Cette nourriture du corps ne doit pas se perdre. Il est temps de mettre en conserve, de stériliser. D’y aller d’essentiel en essentiel. De se permettre quelques petites gâteries au passage également. De conserver ce qui ne peut être utilisé. De s’assurer, qu’au moment opportun, il sera possible d’en profiter. Que la beauté des fruits de notre labeur viendra, dans la froideur et la noirceur de l’hiver, nous réchauffer et nous réconforter.
Parallèle.
Et il en est de même avec l’esprit. Nos enfants, dès leur plus jeune âge, nous poussent à sustanter leur insatiable curiosité. Leur immense besoin d’apprendre, de découvrir. Leur besoin naturel de se dépasser nous entraîne à leur suite. Puis vient le temps de la scolarisation pour certains. Pour décrire notre situation, je qualifierais ce passage d’entrée dans les apprentissages dirigés peut-être. En fait, je n’y ai jamais vraiment pensé. J’imagine que le titre me viendra plus aisément quand l’histoire sera complétée. Encore que je n’arrive pas à en entrevoir la fin.
Semences du patrimoine.
Chez nous, les apprentissages viennent également avec leur part d’inutilités. En fait c’est ce que le milieu scolaire qui régit nos évaluations semble en penser. C’est ce que nous ressentons quand on les voit reléguer ce qui représente à l’horaire plus de 3h de lectures et travaux par semaine à une seule case horaire. La faible valeur quantitative accordée se traduit inévitablement en méconnaissance. Puis en dévalorisation. Puis..
Bourrage de crâne.
J’ai souvent l’impression qu’on considère ce bloc de bourrage de crâne. De pelletage de nuages? Je ne comprends pas trop. Ce qui est appelé Éthique et culture religieuse est composé chez nous de 4 périodes hebdomadaires réparties comme suit: Religions et pratiques religieuses, Éthique et philosophie, Mythologie et Grec ancien. Non mon fils ne parle pas grec quand il va au dépanneur chercher un litre de lait. Non, nous ne sommes pas pratiquants ni même associés à une religion. Serait-ce pour autant des apprentissages inutiles? Un apprentissage, quel qu’il soit peut-il réellement être inutile?
Espace de tête.
Un peu comme cet espace vide laissé dans la mise en conserve pour en assurer la bonne conservation, mon bloc inutile n’est pas du gaspillage. Il est, à mon avis, ce qui permet au reste de garder sa forme. Sa valeur.
L’espace de tête habite silencieusement l’esprit de mes enfants. Puis un jour, on le voit prendre forme à travers la vie. On le voit accompagner la naissance du raisonnement. On le voit structurer la démarche. On le voit appuyer la notion de patience aussi. Car c’est aussi ça apprendre. Avoir la confiance et la patience d’accepter sans nécessairement comprendre la valeur de ce qui nous est offert.
Ma conserverie.
Voici ce que nous mettrons en conserve cette année. Libre à vous de vous en inspirer ou non. Le point important que je voulais livrer aujourd’hui est que: l’utilité n’est pas nécessaire en tout temps. L’instantanéité non plus. Surtout en éducation.
La culture, oui! Ce qui fait de nous des être en continuel apprentissage. J’adore apprendre sur tout. Parfois en profondeur, d’autres fois de manière superficielle jusqu’à une prochaine envie. Difficile de prédire à quoi toutes ces connaissances me serviront un jour, mais j’ose espérer que j’aurai semé cette curiosité dans la mentalité de mes enfants afin qu’ils conservent cette soif naturelle d’apprendre. Merci de m’avoir rappeler que l’inutilité est essentielle…
Aaaaaahh j’adore. Ta manière d’amener le sujet, de le traiter. Et je suis tellement d’accord, l’inutilité n’existe pas!