Monsieur le Ministre

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Je vais être bien honnête, Monsieur le Ministre. Je n’avais pas prévu prendre le temps de vous écrire. Les événements se sont bousculés à partir du moment où vous avez décidé de réouvrir une plaie qui m’apparaissait pourtant bien cicatrisée. Mais pourquoi donc, si ce n’est que pour la curiosité d’y voir l’infection s’y infiltrer? C’est une bien drôle de médecine que vous appliquez.

La confiance gagnée avec le projet de loi 144 aura été de bien courte durée. La chance au coureur n’aura été que de la poudre aux yeux savamment dispersée. Autant d’énergie, de ressources et de temps auxquels vous aurez refusé la chance de prendre élan. Un beau gâchis, Monsieur le Ministre. Pour les contribuables. Pour nous les parents. Mais surtout pour nos enfants. Car c’est eux qui se retrouvent pris en otage là-dedans.

Sujet amené. Sujet posé. Sujet divisé. Vous connaissez, Monsieur le Ministre? Comment pouvez-vous croire que vous pouvez vous présenter en amenant le sujet des écoles religieuses illégales et en posant les conditions à la communauté d’école-maison? Comment pouvez-vous user de stratégies malveillantes pour diviser la population dans le seul but de parvenir à vos fins? Ne me dites pas que vous n’y aviez pas pensé!

Vous nous parlez de programme de formation standardisé. Vous nous parlez d’égalité des chances pour nos enfants à qui nous enseignons déjà avec passion. Vous nous parlez d’uniformité. D’unilatéralité aussi. Car dans votre discours, je ne ressens ni ouverture ni réelle disponibilité. Je ressens de votre part un profond sentiment de supériorité. Et jen suis bien désolée, Monsieur le Ministre, mais vous nous sous-estimez. Je peux vous le jurer.

Puis vous nous parlez également d’évaluations ministérielles. Vous avez tant besoin d’être rassurés, Monsieur le Ministre? Pourquoi avez-vous aussi peur de plonger réellement dans des portfolio reflétant le cheminement et la progression de nos enfants? Est-ce si déstabilisant de constater qu’ils sont éduqués non seulement dans le respect de leur individualité mais également dans une intention de favoriser la coopération et la créativité? Je vous trouve bien petit Monsieur le Ministre, de travailler à garder en place un système qui mise sur la compétitivité et la productivité tout en sachant que ces enfants évolueront dans un monde où ces caractéristiques les maintiendront dans un état de dépendance. Forcer nos enfants à se définir par un rang ne les aidera pas à devenir grands!

Et si on réinventait l’éducation, Monsieur le Ministre? Et si on faisait preuve de vision, avec comme unique intérêt le bien de nos futures générations? Et si on s’assoyait ensemble. Et si on collaborait. Et si on tirait parti de ce que chacun à de meilleur à offrir. Et si on s’ouvrait à plus grand. Et si on se permettait de faire des pas de géant. Et si on dépassait, ensemble, les contraintes qui sont les nôtres en tant que société à grands coups de créativité, d’idées et de bonne volonté? Et si, Monsieur le Ministre… vous y avez pensé?

Je ne peux pas croire que je suis la seule à oser continuer de rêver. Je ne peux pas envisager que je suis la seule à croire qu’il est possible de cohabiter. Je ne peux me résigner à penser que je suis la seule à oser espérer. Qu’un jour la passion et la vocation prendront le dessus sur vos ambitions. Car c’est bien de cela qu’il s’agit, Monsieur le Ministre, n’est-ce pas?

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