Le soleil est de plus en plus doux. Les jours de plus en plus longs. L’énergie renaît. Et le rythme de ponte des poules est de plus en plus constant. Une hirondelle ne fait pas le printemps… mais un comptoir où s’accumulent les oeufs…Assurément!
Chaque jour, je dirais 2 fois plutôt qu’une, je saute, pieds nus, dans mes bottes pour faire ma tournée de poulailler. On n’est jamais trop prudente. Pis ça me donne une mini pause sensorielle de la maisonnée. En même temps.
Chaque jour, maintenant, je reviens les mains et le coeur pleins de gratitude. On fait une bonne équipe, elles et moi!
Raccourcir la chaîne alimentaire
Il y a plusieurs raisons de transformer nos cours arrière en basse-cour familiale. Du plaisir à la nécessité en passant par tout le camaïeu des possibilités qui se trouvent entre les deux. Cependant, peu importe la raison qui anime notre volonté, elle se conjugue avec quelques responsabilités.
Le choix des oiseaux
Nous avons la chance d’avoir une offre qui s’est vraiment diversifiée dans les dernières années. Pour mettre toutes les chances de notre côté, il vaut la peine de s’informer. De trouver des oiseaux qui correspondent à nos besoins. Et pour lesquels nous sommes en mesure de fournir des soins.
En fonction des races, les poules auront, entre autres:
– une tolérance variable aux températures extrêmes (clique ici pour une liste de poules résistantes aux froids de NOS hivers)
– un volume de ponte différent
– des grosseurs et apparences différentes d’oeufs
– des caractéristiques alimentaires particulières
– et des besoins d’espace appropriés.
Un choix informé et la façon dont nous répondons adéquatement à leurs besoins influenceront la santé des oiseaux et, par conséquent, la qualité des oeufs que tes cocottes pondront. C’est donnant-donnant.
L’alimentation
L’alimentation que l’on offre à nos oiseaux est à la base de la qualité de ce que nous nous ferons offrir. C’est l’évidence. Ensuite, il y a ce qui est disponible pour nous. Je veux des oiseaux nourris à la base, on s’entend là-dessus, hein!
Cependant, il est important de s’informer et de supplémenter, au besoin. De s’éduquer afin de reconnaître les signes de carences ou encore les périodes de vie des oiseaux afin de les accompagner est aussi de notre responsabilité.
Les oiselles mettent énormément d’énergie à produire des oeufs sur une base quotidienne. Elles sont influencées par leur environnement et leur cycle personnel. Savoir reconnaître une infestation, une mue naturelle, un cycle saisonnier, une fin de chapelet ou un trouble de santé est primordial. Pour ce faire, il faut passer du temps avec nos animaux et les observer. Regarder ce qu’ils ont tendance à manger instinctivement. Prendre note de leur état de santé et de leurs comportements particuliers.
Certains suppléments sont facilement accessibles: les herbes en trop du jardin, des feuillages, des céréales chaudes en hiver, des écailles d’oeufs broyées, du vinaigre de cidre de pomme, des insectes indésirables retirés du potager, des graines, etc.
L’état des lieux
Le milieu de vie que l’on offre aux oiseaux aura un impact sur leur santé et leur énergie. De ce côté, ils ne sont pas si différentes de nous. De la lumière naturelle, un abri pour les protéger des intempéries, de l’eau fraîche, une bonne aération, de l’espace.
Des oiseaux en trop grand nombre auront tendance à se chamailler et à être stressés.
Des poules en manque de lumière diminueront leur ponte. C’EST NORMAL! Ce qui ne l’est pas c’est de compenser par une luminosité artificielle en hiver pour tromper leur cycle naturel. À partir de là, le choix te revient de décider de ce que tu souhaites.
Des oiseaux dans un environnement fermé et trop peu entretenu développeront une fragilité aux poumons et seront plus sujets aux infestations.
Des oiseaux en manque d’eau souffriront de déshydratation.
Il faut leur offrir des environnements capables de les protéger du froid et des intempéries. De la chaleur extrême aussi. On a tendance à l’oublier!
Un animal fragilisé tombera en mode survie. C’est la vie! Si on veut être en mode collaboration, il faut remplir notre part du marché.
Récolter les oeufs
Ça y est, tes poules, cailles, canes ou oies t’offrent des oeufs contre tes bons soins. Maintenant, la balle est dans ton camp. À toi de t’assurer du contrôle qualité et d’optimiser les trésors qui t’ont été confiés. La clé: constance et régularité.
Chaque jour suffit sa peine
Les animaux sont routiniers. Ils aiment leur confort paisible et un rythme prévisible. En prenant l’habitude de les visiter quotidiennement et au même moment, tu diminues leur stress et t’assures de garder un oeil attentif sur eux.
Chaque jour, je prends le temps d’aller leur porter de la nourriture et de l’eau fraîche. De nettoyer l’abreuvoir. De remuer leur litière… et de récolter les oeufs. Lors des grands gels d’hiver et des canicules d’été, c’est au moins 2 fois. Pour éviter les oeufs craqués par le gel ou stockés dans une chaleur élevée. Ce n’est pas long. Juste assez pour être au fait de ce qui se trame dans le poulailler.
Des oeufs restés trop longtemps dans le poulailler risquent:
– d’être endommagés, picorés, craqués
– d’inciter une poule à couver. C’est pas mal en soi, tout dépend de toi!
– de subir les intempéries des températures extrêmes
– d’attirer la vermine qui pourrait y voir un encas délicieux et éventuellement s’en prendre aux individus
Bref, c’est rarement une bonne idée en ce qui concerne notre projet de famille.
Laver ou pas laver
Une fois la récolte dans la maison, qu’est-ce qu’on fait? Il y a les grandes lignes. Ensuite, c’est toi qui décide!
Avant de pondre son oeuf, la femelle émet une sécrétion que l’on nomme bloom (ou bouchon de cuticule, mais c’est pas vraiment sexy messemble). Une fois à l’extérieur du corps de l’oiseau, cette sécrétion fige et obstrue les pores naturels de la coquille d’oeuf afin de former une barrière contrant les bactéries (fécales, environnementales, etc.) qui souhaiteraient s’y aventurer. Cette membrane n’est pas éternelle. Elle est conçue pour se désagréger avec le temps afin de laisser le poussin se développer adéquatement.
Tablette
Les oeufs non lavés et toujours protégés par la cuticule peuvent être gardés à la température de la pièce. Ça c’est la théorie. Dans les faits, il faut tenir compte:
– de l’environnement où les oeufs sont conservés. J’essaie d’éviter les grandes variations de température et de les garder à l’abri du soleil.
– de la période de l’année. Garder des oeufs en juillet quand l’été bat son plein n’est pas la même chose qu’en janvier quand il fait 15C dans la maison.
– de l’état de propreté de l’oeuf. Un oeuf qui serait recouvert de matières fécales sera automatiquement lavés. La cuticule retirée, il est impossible de le conserver à la température ambiante.
– de l’état de la coquille. Une coquille craquée ou perforée entraîne automatiquement le retrait de l’oeuf de notre consommation.
Les oeufs peuvent donc ainsi se conserver 3 semaines sans réfrigération. Je m’assure toujours de les tester avant de les consommer.
Réfrigération
Les oeufs peuvent évidemment être réfrigérés. C’est de cette façon que les oeufs nous sont proposés depuis des décennies en Amérique. Les oeufs conservés au réfrigérateur doivent être, au préalable, lavés pour 2 raisons:
– pour éviter d’entraîner des bactéries dans le réfrigérateur
– pour rendre la coquille poreuse et éviter qu’il se crée de la condensation à l’intérieur de l’oeuf.
Tout comme dans le cas de mes oeufs conservés à température ambiante, je teste tous mes oeufs avant de les consommer. Ainsi conservés, les oeufs se conservent 3 à 5 semaines.
Il est important de connaître l’âge des oeufs dont on fait l’acquisition. Les oeufs des supermarchés ont souvent déjà vécu une bonne durée de vie avant de se rendre à nos maisons. Cette période est à prendre en compte dans notre planification de conservation.
Les transformer
Et puis, quand tout se met à aller vite. Quand le frigo se remplit. Quand les cartons s’accumulent sur le comptoir et que les récoltes abondent…Quand tout devient potentiellement trop pour notre famille, je les transforme. Pas question de perdre quoi que ce soit. Mais ça, ce sera pour une prochaine fois!
Le grand test
Les oeufs produits par nos poules ne sont pas produits en environnement contrôlé et ne passent pas par un mécanisme de contrôle de qualité sophistiqué. La responsabilité me revient entièrement. Pour m’assurer que mes oeufs sont propres à la consommation, j’utilise un ou plusieurs des moyens suivants.
Le test de flottaison
Pendant le processus de vieillissement de l’oeuf, sa coquille devient plus poreuse et l’air commence à s’infiltrer. Ainsi, un oeuf frais coulera au fond de l’eau alors qu’un oeuf plus vieux flottera en raison de sa poche d’air intérieure plus importante. Personnellement, je rejette un oeuf qui flotte à la surface et cuit à la coque ceux qui ont tendance à vouloir se relever.
Le test du blanc d’oeuf
Casser un oeuf dans un bol avant de l’inclure à une recette est toujours une bonne idée. Voire essentiel si tu veux éviter du gaspillage d’aliments précieux. Si, une fois cassé, le blanc de l’oeuf apparaît liquide ou brouillé, l’oeuf doit être rejeté.
Le test olfactif
Un oeuf pourri ça pu. Pas besoin de te faire un dessin, tu le sauras quand tu en rencontreras un. Y’a pas de poésie à tirer de ça!
Bonne récolte!